Panthéon québécois des animaux

Lauréats

Diablo

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« Professionnel » - 2009

En 1885, une importante épidémie de variole tue les Montréalais par milliers. Le 22 novembre, sur le Champ-de-Mars, cinquante mille personnes participent à un rassemblement en portant au bras le brassard noir du deuil. Les forces de l’ordre sont débordées d’autant plus que de nombreuses manifestations parfois très violentes ont lieu contre l’obligation de recevoir le vaccin de la variole.
 
C’est dans ce climat explosif que l’on met sur pied officiellement une cavalerie non militaire destinée à aider le travail des policiers. On procède cette année-là à l’embauche de six agents cavaliers. Au même moment, ouvre la première école vétérinaire francophone en Amérique, l’École vétérinaire de Montréal. Il est fort probable que certains de ces chevaux aient été soignés dans cet établissement.
 
En 1935, le nombre de cavaliers passe à 32. Dans les années cinquante, on se sert de la cavalerie non seulement pour la patrouille des différents parcs, mais aussi pour effectuer la circulation dans le centre-ville ainsi que pour participer aux parades de plus en plus nombreuses.
 
Au début des années soixante-dix, suite aux émeutes entourant la crise d’octobre, certains chevaux sont pris à partie et victimes de sévices. Les autorités décident alors de réduire les effectifs au minimum. La Cavalerie du Service de police de la Ville de Montréal connaît alors une décennie des plus inquiétantes. À cette époque, seuls les policiers ayant 26 années d’ancienneté peuvent être membres de la cavalerie, même si leurs connaissances des chevaux ou leurs habiletés de cavalier laissent parfois à désirer.
 
Puis, dans les années 80 et 90, la Cavalerie du Service de police de la Ville de Montréal redevient plus populaire à tel point qu’en 1997, elle possède vingt chevaux.
 
Aujourd’hui, la Cavalerie du Service de police de la Ville de Montréal est constituée de 12 chevaux, tous de race canadienne, qui patrouillent principalement le parc du Mont-Royal, mais régulièrement le centre-ville, le Vieux-Montréal et les espaces verts du territoire. La cavalerie vient en soutien aux postes de quartier lorsque sa présence est requise pour différentes raisons. Son rôle est toujours d’assurer la sécurité des citoyens lors des événements sociaux ou culturels tout en donnant une image sympathique des autorités.
 
C’est pour souligner leur travail et honorer leur mémoire que l’Académie a décidé d’introniser au Panthéon québécois des animaux Diablo, présent doyen de l’unité de Cavalerie du Service de police de la Ville de Montréal.
 
Diablo est un hongre de race canadienne croisée né en 1991. Acheté d’un éleveur de Thurso pour faire de l’attelage, son propriétaire, déçu de ses performances, décide de le retourner. Par chance, un responsable de la Cavalerie du Service de police de la Ville de Montréal, en recrutement de nouveaux effectifs, le découvre et décide de l’enrôler. C’est ainsi qu’en janvier 1998, il fait son entrée au sein de la Cavalerie du Service de police de la Ville de Montréal afin de faire équipe avec la patrouilleuse/cavalière Marie-France Lamy, première femme à occuper ce poste.
 
Aujourd’hui, Diablo et l’agent sénior Lamy font toujours équipe et cette dernière est aussi l’entraîneuse de l’unité de Cavalerie du Service de police de la Ville de Montréal.
 
Si Diablo est naturellement un chef en contrôle de foule, au fil des années, il est devenu un expert en poursuite à pied dans le centre-ville. Aucun obstacle ne l’empêche d’arriver à son but. Vous l’avez peut-être déjà croisé sur la rue Sainte-Catherine au galop pourchassant un suspect. Il a d’ailleurs déjà participé à l’arrestation d’un voleur qui venait de cambrioler une boutique de sport en le coinçant dans une ruelle près des rues Maisonneuve et Crescent.
 
En contrepartie, Diablo ne porte pas ce nom pour rien, car il peut être rebelle à ses heures. Lors de parades, son côté diablotin ressort en raison du fait qu’il aime bien se donner en spectacle en dansant au son de la musique.
 
Mais lorsqu’il faut faire preuve de discipline, il est toujours au rendez-vous. Par exemple, en 2003, il a permis à sa partenaire de travail de réussir l’examen d’entraîneur niveau 1 de la Fédération équestre du Québec. Pour un cheval canadien qui n’avait jamais fait de sauts d’obstacles, ce fut tout un exploit.
 
En septembre 2008, à Kingston, ils ont participé au NAPEC (North American Police Equestrian Championship) et se sont classés 4e en dressage et 4e dans la compétition d’obstacles en équipe face à 74 autres formations. Et en juin 2009, ils ont remis cela en remportant la médaille d’or au concours de dressage du célèbre New York Police and Fire Games, et ce, devant 29 équipes provenant de partout aux États-Unis.
 
Même s’il a déjà 19 ans, Diablo, éternel adolescent, aime bien, après une bonne journée de travail, recevoir sa récompense quotidienne. Méfiez-vous si vous avez le malheur de l’oublier, il deviendra bougonneux et vous le fera savoir!
 
Diablo est, pour l’agent Lamy, bien plus qu’un compagnon de travail et c’est pourquoi le moment venu, ils tireront ensemble leur révérence pour une retraite bien méritée.

 

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