Panthéon québécois des animaux

Lauréats

Papuk

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« Compagnon » - 2009

Mélissa est atteinte du syndrome de Morquio 4A, une maladie dégénérative très rare. Après avoir subi plusieurs chirurgies au dos, aux hanches et à la colonne vertébrale, elle est donc très restreinte dans ses mouvements.
 
Elle demande à sa mère un chien d’assistance. Elles entament alors les démarches auprès de la Fondation Mira et participent aux évaluations. Après quatre ans d’attente, son rêve se concrétise finalement.
 
En avril 2007, Mélissa a 14 ans lorsqu’elle apprend qu’elle sera jumelée à Papuk, âgé de 2 ans et 3 mois. Papuk est un Labrador blond, né le 5 mai 2005.
 
Ils ont passé trois semaines à l'auberge de Ste-Madeleine afin qu'ils apprennent à travailler ensemble (les entraîneurs étaient là 24 h sur 24). Mélissa s’estime privilégiée puisque seuls quelque trente enfants québécois profitent de l’aide d’un chien d’assistance en 2005 et quelque trente écoles québécoises permettent la présence d’un chien d’assistance.
 
Élève de 3e secondaire inscrite au programme d’éducation international, Mélissa fréquente l’école privée Marie-Clarac depuis quatre ans. Après avoir informé la direction de l’école que Mélissa aura dorénavant un chien d’assistance, la direction refuse. Ils craignent que certaines élèves présentent des réactions allergiques. Et même avec l’expertise médicale d’un allergologue, l’école n’est pas convaincue.
 
Le 30 mai 2007, Mme Poulin dépose une plainte à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse; elle y allègue la discrimination sur la base du handicap dont est atteinte sa fille.
 
Le 28 août 2007, la Commission obtient le rapport nuancé du Dr Guérin Dorval, allergologue. Il conclut qu’il est probable que des personnes déjà sensibilisées soient incommodées par la présence de Papuk, mais précise que bien que représentant un danger pour la santé, les conséquences de l’allergie canine ne sont pas aussi néfastes que celles de l’allergie alimentaire.
 
Le 30 août 2007, il ajoute qu’il n’y a aucune menace sérieuse à la santé en l’absence de contacts très étroits entre le chien et la personne allergique. Il prévoit cependant que l’accumulation d’allergènes de chien dans l’école aura pour conséquence le recours pour les personnes allergiques à une pharmacothérapie supplémentaire.
 
Le 6 septembre 2007, la Commission et les parties discutent des conclusions de l’allergologue. Mélissa reconnaît les risques de l’exposition de personnes allergiques à son chien; elle promet donc de prendre toute mesure pour éviter les contacts, et minimiser la propagation d’éléments allergènes. Un règlement intervient entre l’École et Mme Poulin.
 
Le 17 septembre 2007, une élève qui fréquente la même classe que Mélissa fait une réaction allergique. Cette élève se sait allergique depuis 2003 et cette condition médicale est connue de l’École depuis l’automne 2005. Or, les casiers des jeunes filles sont contigus, et les deux jeunes filles prennent parfois le lunch ensemble à l’école.
 
Devant la réaction allergique de la jeune fille et l’insistance de sa mère, l’École rencontre Mme Poulin et lui demande de garder Papuk à la maison le temps de réévaluer la situation. Depuis le 18 septembre 2007, Mélissa fréquente donc l’école sans Papuk. Il est à craindre que le chien perde son entraînement, et que la Fondation Mira le soustraie à jamais des soins de Mélissa.
 
Le 20 septembre 2007, à la demande de Mme Poulin, la Commission rencontre de nouveau les parties en présence d’un représentant de la Fondation Mira. N’ayant trouvé aucun accord, l’École maintient son interdiction. Le dossier est alors transféré à la direction des enquêtes de la Commission. Le 7 novembre 2007, M. Claude Choquette, enquêteur médiateur, informe Mme Poulin qu’il est saisi du dossier. Le 5 février 2008, l’École fait valoir sa position à la Commission. Le 3 mars 2008, Mme Poulin loge sa requête introductive d’instance pour ordonnance de sauvegarde en homologation d’une transaction.
 
Le 17 mars 2008, la Cour déclare : Toute personne a droit à la reconnaissance et à l’exercice, en pleine égalité, des droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe, la grossesse, l’orientation sexuelle, l’était civil, l’âge sauf dans la mesure prévue par la loi, la religion, les convictions politiques, la langue, l’origine ethnique ou nationale, la condition sociale, le handicap ou l’utilisation d’un moyen pour pallier ce handicap. Papuk retournera en classe dès la rentrée de l’année scolaire 2008-2009.
 
De l’avis du Tribunal, l’importance de la réunification de Papuk et de Mélissa ressort très précisément de la preuve : chaque jour sans son chien est une journée de trop pour Mélissa dans la compromission de son autonomie et de son droit à la dignité.
 
Il accompagne maintenant sa jeune maîtresse 24 heures sur 24 dans tous ses déplacements et il lui apporte une aide vraiment précieuse et tout se passe bien à l’école, maintenant.
 
En avion, Papuk demeure assis aux pieds de Mélissa. Il a même accompagné sa jeune maîtresse au sommet des montagnes Rocheuses. Il va partout, que ce soit à l’hôpital, au restaurant, à l’école ou dans les centres commerciaux.
 
Papuk est son meilleur ami, elle se sent en sécurité en sa compagnie, il l’aide à marcher, à monter et descendre les escaliers, à ramasser les objets par terre, en plus de tirer son fauteuil roulant. Mais ce qui est le plus précieux pour Mélissa, c’est que grâce à Papuk elle garde son autonomie. De plus, Papuk apporte son aide à la mère de Mélissa dans ses tâches, car le frère de Mélissa est également atteint de la même maladie. Donc, une paire de bras (ou deux paires de pattes!) supplémentaire est très appréciée.
 
Anecdote : quand Mélissa va dans les toilettes publiques, Papuk regarde les voisines par en dessous...
 
Papuk et Mélissa sont inséparables, les gens disent même qu’ils se ressemblent beaucoup. Mélissa dit que Papuk est la plus belle chose qui lui soit arrivée dans sa vie!

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